Le laboratoire de Magie

« AAAARRRRRGHHH !!! »

Le cri résonna sur les pierres froides du laboratoire de magie. Au centre de la pièce, attaché par des sangles sur un fauteuil basculé en arrière, la victime affichait un masque d’épouvante. Les gouttes de sueurs qui perlaient de son visage glissaient le long de son cou pour venir se mélanger aux torrents de sang que déversaient deux trous aux épaules. Astorias vint y planter deux pieux en bois faisant office de garrot ; il ne devait pas mourir tout de suite. Puis il se dirigea vers un établit dans un coin de la vaste salle, à peine éclairée par quelques torches accrochées aux murs.
La table de travail présentait une multitude de fioles en tout genre, vides pour la plus part, remplies d’étranges substances pour certaines. Le mage en saisit une contenant une potion de couleur gris clair, et y versa le contenu d’une seconde, verdâtre celle-ci. Le mélange bouillonna quelques instants, vira en une sorte de rouge-noirâtre, avant de répandre une petite fumée nauséabonde qu’Astorias, simple esprit derrière une armure, ne pouvait sentir. Il agita doucement la fiole en se dirigea à nouveau vers son prisonnier.
L’humain qui, la tête sanglée, ne pouvait le voir arriver, sentit cependant le mage revenir. Un frisson d’horreur le parcourut à nouveau et son visage se tordit d’une douleur anticipée.

« Je vous en supplie ! Par pitié épargnez-moi ! Je ferai to… »

Une puissante main de fer lui attrapa la mâchoire, lui maintenu ouverte et le cobaye sentit un liquide épais et âcre lui couler le long de l’œsophage. Il afficha un nouveau rictus, de dégout, puis commença à trembler. Son bras droit, puis le gauche et progressivement l’ensemble de son corps fut prit de violentes convulsions. Puis plus rien. Astorias, qui avait consciencieusement prit note de l’expérience, s’approcha du corps inerte, arracha les restes de lambeaux de sa victime et posa ses mains, l’une sur l’autre, sur son nombril.
Un son rauque et lointain prononça une formule incompréhensible et se faisant, une vive lumière blanche vint éclairer l’endroit écrasé par les deux mains de fer. Doucement, sans cesser de prononcer la formule, l’armure souleva ses mains, tirant avec elles un mince fil de lumière. Le cadavre devenait blême au fur et à mesure que l’âme quittait son enveloppe charnelle. Les mains arrivées à hauteur de son heaume, Astorias les retourna, paume vers le plafond glacial et humide de pierre. Le mince filet d’âme se mit alors à s’enrouler sur lui-même puis, une fois qu’une sphère lumineuse fut formée, le mage noir l’approcha de son heaume.
Soudain, la boule de lumière fonça sur ce qui servait de tête à Astorias et, à travers les trous de son heaume, elle s’infiltra à l’intérieur de l’armure, comme mue d’un vif désir de retrouver un corps physique. Le mage tomba à genoux et se prit la tête entre les mains sous le cou de la douleur. Puis tout cessa. Il se releva doucement, comme encore étourdit puis récupéra le carnet sur le quel il avait noté l’expérience.

« Test 8746 : Nouvelle potion à base de tubes 2 et 17.
Nouveau succès, âme mieux conservée pendant la période de transition,
prolongement estimé à une vingtaine d’années.
Cependant, toujours d’ infimes traces de personnalité de l’ancien hôte. »

Il referma le carnet et alla le ranger dans l’établit. Il se retourna et fit le tour de la pièce du regard. Le laboratoire était une grande pièce rectangulaire au plafond bas, soutenu par des piliers en quatre endroits. La dureté de la pierre omniprésente dans la pièce donnait un air glacial et lugubre au lieu. Des taches de sang noirci sur les murs et le sol ainsi qu’un éventail d’appareils, dont l’aspect ne laissait présager rien d’appréciable, n’arrangeaient rien à l’ambiance. Au centre trônait le siège sur le quel gisait toujours le corps de l’humain. Aux quatre coins des grands établis étaient jonchés de toute sorte d’instruments.

Astorias se dirigea vers l’unique accès au laboratoire, une grande porte en bois, et sorti.